Le Medgaz coûterait 1,1 milliard d’euros: Retards inexpliqués et sempiternelles expérimentations
A la veille de sa mise en marché officielle, des questionnements entourent le coût du gazoduc Medgaz reliant l’Algérie à l’Espagne.
D’autres interrogations sont permises sur si l’Algérie dispose de volumes justifiant les deux gazoducs, le Medgaz et le Galsi ? Conçu initialement pour un montant ne dépassant pas les 900 millions d’euros, le coût du projet s’avère plus important que prévu. La Banque européenne d’investissement (BEI) qui vient de financer le Medgaz à hauteur de 500 millions d’euros, soit 50% de son coût global, a indiqué que le coût total du projet flirterait bientôt avec le seuil de 1,1 milliard d’euros. Selon des indiscrétions, le surcoût est provoqué par des retards répétitifs liés à sa mise en service ainsi que par de sempiternelles opérations d’expérimentations. Le gazoduc était annoncé «opérationnel» au quatrième trimestre 2009. La livraison du projet a été ajournée par la suite pour faute de «tests rassurants». Annoncé ensuite pour la mi-2010, puis à la fin de la même année, le projet n’est plus suspendu à une date fixe, puisque l’actuel ministre de l’Énergie et des Mines, Youcef Yousfi, refuse de se laisser prendre dans le filet des échéances. «Il sera inauguré dans quelques semaines ou dans quelques mois», a-t-il déclaré, lundi, au Forum d’El Moudjahid.
Le consortium Medgaz, qui réalise et qui se chargera de l’exploitation du gazoduc, est sous pression. L’Union européenne, soucieuse de garantir davantage sa sécurité énergétique, ne cesse d’éperonner les entreprises fédérées dans ce consortium. L’Algérie, elle, est soucieuse de renouveler les quantités qu’elle produit en gaz naturel. Car, si «le renouvellement des réserves en pétrole liquide a été satisfaisant jusqu’à ce jour, ce n’est aucunement le cas pour ce qui concerne le gaz naturel», dira Abdelmadjid Attar, ancien PDG de Sonatrach. Les craintes sur ce sujet se sont avérées réelles lorsque le ministre de l’Énergie s’était appliqué à bien expliquer que le pays était en retard sur le plan de l’exploration et de la recherche. S’il est vrai que la «campagne médiatique» de M. Yousfi, accélérée depuis quelques semaines, tend à rassurer les partenaires de l’Algérie quant à ses capacités en matière de production et d’exportation de gaz naturel, des questions s’imposent toujours sur les volumes justifiant le Medgaz et le Galsi, voire même le Enrico Mattei.
Deux éléments viennent s’ajouter à la complexité de l’équation : l’état de l’industrie gazière et la fiabilité des infrastructures d’exportation ainsi que l’état de la demande interne, dont l’évolution des chiffres n’est point rassurante. La Commission de régulation de l’électricité et du gaz (CREG) a indiqué, dans sa dernière publication de novembre 2010, que «pour la période 2010-2019, trois tendances d’évolution de la demande future en gaz ont fait ressortir une progression, selon le scénario moyen, de 5% par an en moyenne, passant de 27,5 milliards de mètres cubes en 2009 à 45,2 milliards de mètres cubes en 2019». Le scénario fort, calculé par la CREG, fait apparaître une demande globale de 55,3 milliards de mètres cubes en 2019, soit une croissance de 7,1%/an en moyenne.
La demande cumulée en gaz sur la période 2010-2019 atteindra, suivant un scénario moyen, 373 milliards de mètres cubes, si l’on se réfère aux prévisions de la même instance. C’est dire que les défis ne sont pas des moindres. L’Algérie est appelée à répondre, à la fois, à une demande interne de plus en plus croissante, mais aussi à une demande européenne qui serait de 85 milliards de mètres cubes dès 2012. Jusqu’à novembre dernier, Sonatrach a annoncé avoir réalisé 7 découvertes, contre 16 en 2009. Youcef Yousfi, lui, a annoncé 29 découvertes réalisées durant 2010. L’écart est de taille !
Source : http://www.elwatan.com/
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