La Compagnie Française d’Assurance pour le Commerce Extérieur(COFACE), connue pour sa notation des risques pays et ses études économiques, a conservé la note “C” de la Tunisie, correspondant au niveau «risque élevé» et celui de l’environnement des affaires au niveau “B” c’est-à-dire à un «risque assez élevé» selon l’évaluation annuelle des risques pays, établie le mardi 4 février 2020 par la compagnie.
Un timide redressement de la croissance
Touchée en 2019 par un repli du secteur manufacturier, particulièrement dû à une demande extérieure moins favorable, la COFACE prévoit un timide rebond de la croissance en tunisie qui devrait grimper légèrement à 1.9% en 2020 contre 1.4% en 2019.
Cette légère hausse de la croissance, est essentiellement soutenue par l’agriculture, le tourisme et la mise en service du champ gazier de Nawara. N’empêche que de nombreuses contraintes subsistent, en raison des mesures visant à contenir le déficit budgétaire qui devraient se ressentir sur les contributions de la consommation et de l’investissement publics.
Pour l’assureur-crédit, une plus grande maîtrise des dépenses publiques ou des hausses d’impôts pourraient entraver les revenus des ménages contraignant la contribution de la consommation privée, malgré une relative diminution des pressions inflationnistes.
Ainsi une amélioration probable de l’investissement privé pourrait être tirée en 2020 grâce à la stabilité politique surtout après les élections présidentielles et législatives passées. Cependant, le développement économique devrait rester hésitant compte tenu de la demande intérieure et extérieure incertaine.
De plus, la compagnie a appréciée la valeur ajoutée de la production record d’huile d’olive qui devrait revigorer les exportations en 2019/2020 mais la demande pour les biens manufacturés (appareils mécaniques et électriques, habillement…) continuerait de pâtir des effets de la récession économique en Europe, un facteur qui pourrait également peser sur la reprise du tourisme et sur la contribution des échanges extérieurs malgré que celle-ci restera positive à la faveur d’une progression plus contenue des importations. En cause, la baisse de la facture d’importations énergétique du fait de la mise en service du champ gazier de Nawara.
La note a aussi signalé que la politique monétaire restrictive et l’évolution des prix du pétrole devraient réduire progressivement le taux d’inflation de l’ordre de 6.1% en 2020 contre 6.8% en 2019.
Pressions persistantes de la balance des paiements
Fléchi en année électorale, les finances publiques devraient se consolider de manière considérable grâce au programme de prêt élargi du FMI, l’administration fiscale serait orienté à accroître les recettes en prenant des mesures adéquates pour améliorer la collecte et lutter contre la fraude fiscale.
De même pour les dépenses, la note préconise de restreindre les recrutements dans la fonction publique en 2020 pour contenir la masse salariale après que le gouvernement précédent a concédé une augmentation des salaires en février 2019.
De surcroît, la Coface juge que les dépenses de développement resteraient contraintes par l’accroissement de la dette extérieure et fait passer sa prévision de l'augmentation de la dette publique qui devrait s’élever à 78.7% en 2020 contre 75.7% en 2019, étant donné sa vulnérabilité à la dépréciation du dinar.
Pénalisée par le déficit commercial, le solde courant resterait largement défaillant de -8.5% en 2020 qui pourrait légèrement s’atténuer grâce à l’allègement de la facture d’importations d’énergie avec la mise en service du champ gazier de Nawara. Mais la progression des recettes touristiques pourraient aussi diminuer en 2020 en raison de la croissance européenne atone.
Outre le volet économique, le rapport a évoqué l'éclatement du paysage politique qui a rendu hypothétique la constitution d'une majorité gouvernementale. En fait, l'élection législative à donné lieu à un parlement fragmenté. D'autant plus, l'arrivée au pouvoir du candidat indépendant et néophyte Kais Saeid dépourvu de programme, selon le rapport, n'a fait qu' empirer les choses. A cela s'ajoutent les tensions sociales persistantes provoquées par le taux de chômage élevé principalement chez les jeunes et le faible niveau de vie.